Publié le 13 Juillet 2023
Par Georges Charles
Le « Qi-gong » (prononcez tchicongue !), gymnastique millénaire d’éveil et de santé chinoise, fait désormais partie intégrante de notre société.
De nouveaux ouvrages sont publiés sur ce sujet. ils sont maintenant plusieurs centaines qui expliquent, à vrai dire, toujours à peu près la même chose : le « Qi-gong » est ancien voire millénaire, est chinois, est bon pour la santé, est sans danger, est facile à pratiquer, est accessible à tous, est adapté au monde moderne, est non violent, est capable de soigner sinon de guérir de multiples affections et maladies.
Il n’est pas non plus une saison sans que se créent de nouvelles fédérations concernant le « Qi-gong » ou ne s’organisent des colloques nationaux, européens, mondiaux sinon intergalactiques cautionnés par ces mêmes fédérations. Les fédérations déjà existantes, de leur coté, gesticulent comme des diables dans des bénitiers en criant sur tout les toits que le « Qigong » leur appartient de fait. Cela ne pourrait se discuter.
Il semble tout à fait normal, en effet, que les fédérations « officielles » reconnues en tant que telle par LE Ministère, il n’en existe qu’un seul, celui de la Jeunesse oh moi et des Sports, soient désireuses de conserver un monopole totalement exclusif à ce sujet. Donc la clé de la caisse enregistreuse.
Le raisonnement est simple puisque qu’officiellement le «Qi-gong» est une sorte de Taijiquan (Tai Chi Chuan), que le Taijiquan est une sorte de « Kung Fu » et que le « Kung Fu » est une sorte de Karaté, le « Qigong » est donc une sorte de Karaté chinois mou et statique pour les vieux, les dames, les malades. Donc une sorte de Taijiquan (Tai Chi Chuan) ou de Karaté. Au choix et suivant le Ministre. Il est donc assimilé, affilié, associé tantôt au Karaté, dont il demeure une discipline affinitaire, tantôt au Taijiquan (Tai Chi Chuan) dont il est feudataire sinon le vassal.
En suivant ce raisonnement logique, il convient donc de pratiquer tantôt le Karaté, tantôt le Taiji-quan pour pouvoir enseigner officiellement le « Qi-gong ». Actuellement, en France, cette discipline a donc le choix, pour exister, entre ce qui est proposé par le Taiji-quan, donc l’autonomie-indépendance de type Moldavie, Béloutchistan oriental, Tchétchénie ou Afghanistan ou la reconnaissance officielle du Karaté donc une structure de type URSS d’avant Brejnev. Le tout, bien évidemment avec la haute bénédiction du Ministère.
De leur coté, les Chinois, eux-mêmes, commencent à dénoncer une dérive inquiétante de cette discipline tant dans son pays d’origine, la Chine , qu’en Occident. Un article paru dans un quotidien chinois expliquait il y a peu « En Chine, on compte actuellement plus de cent millions de personnes qui pratiquent le Qi-gong. Chiffre considérable qui indique le place importante du qi-gong dans la vie quotidienne des Chinois. Toutefois certains signes semblent indiquer que le Qi-gong a été détourné de sa vocation d’origine pour être utilisé par certains à des fins malhonnêtes. »
Suivent la description de multiples arnaques imputées à des enseignants et maîtres présumés de « Qi-gong » qui prétendent posséder l’immortalité, l’invulnérabilité, dialoguer avec les extra-terrestres les insectes et les fleurs, soigner le sida et le cancer par simple imposition des mains.
En guise de conclusion, le journaliste chinois affirmait simplement :
« Ainsi, le Qi-gong, philosophie qui n’était qu’un art de vivre, sert de prétexte à toutes sortes de manipulations. Ce phénomène du « faux Qi-gong » n’est pas isolé en Chine où le « faux » est présent partout et devient une caractéristique de la société actuelle. »
A vrai dire cela ne date pas d’aujourd’hui puisque le Prince Liu An, en 200 av.J.C., dans son « Traité du Huainan » (Houainan Zi ou Huai Nan Tseu), toujours considéré comme l’un des plus grands classiques de la Chine antique, au traité N°7, chapitre 31, émet une mise en garde solennelle à ce sujet précis :
« Prenez garde surtout de ne pas vous égarer en vous mettant à la suite de faux prophètes des écoles farfelues où l’enseignement contre nature est proposé par des fous dont la conduite et les principes ne valent pas qu’on y donne même une pensée. Méfiez vous particulièrement des gymnastes (Tao Yin Tche Che) du Tao. Ils ne connaissent que les postures, ils appliquent là l’Art du Cœur selon un schéma purement corporel.
Là où il faut entendre la circulation parfaite à travers le corps des souffles du Ciel et de la Terre , ils entendent les échanges entre l’appareil respiratoire de l’homme et l’air extérieur. Tout le reste de leurs exercices physiques est prescrit dans la même optique insuffisante. Nous savons bien que Wang Kiao et Tche Song Tseu pratiquaient cette gymnastique du Tao, mais eux ne s’en tenaient pas là. Ils y adjoignaient l’art d’entretenir le souffle et d’éveiller l’Esprit Authentique, qui lui donnent son véritable sens. Ceux qui veulent s’enliser dans la pratique uniquement corporelle n’ont qu’à suivre ces gymnastes, libres à eux ! Nous leur disons simplement que les Homme Réalisés (Tchen Jen) n’ont pas pratiqué cette voie là. »
On ne saurait être plus clair.
Ce même Traité précisait déjà, au chapitre 29 :
« Quant aux prétendus ébats des Hommes Spirituels; respirations normales, respirations profondes, rejet des souffles viciés, inhalation des souffles frais, balancement à la manière des ours, extensions à la manière des oiseaux, ablutions à la manière des canards sauvages, marche fléchie à la manière des gibbons, œil fixe à la manière des chouettes, regard soutenu à la manière des tigres, tout cela n’est qu’entretien de la vie du corps; il n’y a donc pas à s’en émouvoir. Mais que les Esprits puissent être soumis à une agitation violente et désordonnée, sans pour autant perdre leur plénitude et demeurent dans leur intégrité ceci dans l’alternance du jour et de la nuit, alors cela, oui, c’est l’harmonie. Celle qui par l’union de la nature au Tao produit les Saisons à l’intérieur du Cœur. »
Le onzième chapitre du Huainan Zi reprend une fois encore ce thème :
« Venons en à Wangquiao et Chisongzi ( deux Immortels qui sont considérés comme les « saints » patrons de la Gymnastique Taoïste , donc du « Daoyin Qi-gong », et cités comme tels par M. Kaltenmark dans une étude du Lie Sien Tchouan, publiée par le Collège de France dans le cadre de l’Institut des Hautes études chinoises…)
Soufflant et rejetant, expirant puis inspirant, ils expulsaient l’ancien pour assimiler le nouveau; Ils oublièrent leur corps, s’éloignant de la sagesse commune. Ayant embrassé la Simplicité et fait retour à l’Authentique, ils s’ébattent désormais dans le mystère de la merveille originelle, s’élevant jusqu’aux nuées, en communion intime avec le Ciel. Nos contemporains qui veulent s’initier à leur Tao ne parviennent pas même à nourrir le souffle et à disposer les Esprits. Ils ont beau imiter leur façon d’expulser puis d’inspirer, d’alterner flexion et extension, il est évident qu’ils ne pourront pas chevaucher les nuées et s’élever dans les hauteurs. »
Si on excepte le fait que les contemporains du Prince de Huai Nan, il y a deux mille deux cents ans, s’efforçaient de pratiquer le « Qi-gong » avec déjà certaines difficultés et incompréhensions, force est de constater que le principal reproche est toujours le même : oublier que cet Art d’entretien de la vie du corps, pour reprendre les termes utilisés par le Prince Liu An, est avant tout destiné à éveiller l’esprit en vue d’une union avec la nature…et l’Univers, donc le Tao. Ceci en parfait accord avec la pensée chinoise classique et donc les textes classiques.
La continuité !
Dans cette optique qui tend à restituer au « Qigong » sa vocation originelle simplement définie par trois constantes :
– Entretien de la vie du corps ou nutrition corporelle (Yang Xing).
– Développement de l’énergie vitale ou accroissement du potentiel interne de santé (Yang Qi).
– Eveil de l’esprit ou ouverture intellectuelle et spirituelle (Yang Shen).
il convient alors simplement de différencier les effets de la pratique régulière du « Qi-gong » qui, en réalité, ne sont que des moyens, de la recherche consciente d’un aboutissement spirituel qui utilise ces moyens fournis par la pratique.
Pour reprendre une métaphore taoïste bien connue il conviendrait de ne pas confondre le doigt qui montre la lune (les effets qui deviennent des moyens) et la lune (l’aboutissement spirituel ou la fusion avec et dans le Tao).
Une autre image est fournie par les Maîtres et praticiens du « Daoyin Qigong » de l’Ecole du Ling Pao Ming (Clarté du Joyau Magique). Dans l’Art du tir à l’arc il est nécessaire qu’il existe plusieurs éléments : un tireur, un arc, une flèche, une cible.
Le tireur est le pratiquant. Celui-ci peut être naturellement doué ou non et posséder ou non des particularités spécifiques : vue perçante, force musculaire, respiration ample et profonde…ect. Dans tous les cas s’il désire tirer loin il devra s’entraîner.
L’arc représente les techniques utilisées : postures, mouvements, enchaînements. Mieux vaut qu’il soit de bonne qualité et adapté au tireur. Un arc trop faible ou trop puissant ne pourrait convenir a effectuer un tir précis. L’arc représente également l’effort (Gong) ou le travail à accomplir pour atteindre le but.
La flèche symbolise l’énergie vitale (Qi) qui relie le tireur à l’arc et à la cible. Cette énergie est à la fois innée (comme le souffle inconscient) et acquise (comme le souffle conscient ou contrôlé).
La cible symbolise l’intention, le vouloir (que l’on traduit malheureusement souvent par volonté ou esprit !) (Yi) globale qui anime le tireur, donc le pratiquant. L’intention ou le vouloir (Yi) est quelque chose de simple, de direct, presque de viscéral et de non réfléchi.
Contrairement à l’intention, au vouloir, la volonté implique souvent une réflexion : j’ai envie (vouloir), ou l’intention, de manger du chocolat (c’est un simple fait !) MAIS ma volonté me l’interdit CAR je suis au régime ! Intention et réflexion, ce n’est pas la même chose et c’est encore autre chose que ce que l’on traduit, à tort, par « esprit » (Xingyiquan ou Hsing I Chuan est souvent traduit, à tort, par « Poing du corps (Xing) et de l’esprit (Yi) » alors qu’il s’agit de « l’intention (du vouloir) prenant forme ».
Mais, dans ce domaine les approximations sont légions puisque les traducteurs, généralement, ne pratiquent pas.
Le centre de la cible est le « miroir de l’esprit » (Shi Shen) qui unifie le tout, tireur, arc, flèche, cible, but. Il représente la conscience ordinaire. Mais, tout cela n’est rien tant que le tir n’a pas été effectué puisqu’il constitue à la fois une libération et un accomplissement. Ce tir, ou mouvement vers le but, est plus important que le but lui-même car la cible n’a de réelle valeur que lorsque la flèche atteint le centre.
Si la flèche passe à coté de la cible tout le monde oublie la cible et critique le tireur. Si la flèche atteint la cible sans en toucher le centre tout le monde critique la flèche et oublie le tireur. Si la flèche atteint le centre de la cible on loue le tireur, l’arc, la flèche, la cible et on oublie le tir.
Le tir, pourtant essentiel, représente la conscience spirituelle (Yuan Shen) ayant réalisé l’harmonie dans l’unité entre les divers éléments. Bien que dépendant de chacun d’entre eux, il dépasse de loin leur ensemble. Si le tir était ajusté la flèche ne pouvait, en effet, qu’atteindre le centre de la cible. Tout le reste ne devient plus que simple formalité. La pratique orientale du tir à l’arc commence où celle du tir à l’arc occidental finit. C’est ce qui différencie le sport du « Qigong » !
Les effets de la pratique régulière du « Qi-gong »:
EQUILIBRE, SERENITE, VACUITE, CONCENTRATION…
Le premier d’entre eux, assez facilement constaté, est l’équilibre tant physique que psychique qui constitue le principe essentiel de la majorité des écoles de « Qi-gong ».
Cet équilibre est fondé sur une harmonisation entre le haut et le bas, la gauche et la droite, l’arrière et l’avant, le dehors et le dedans, le subtil et le grossier.
Il s’agit, au départ, d’un équilibre corporel qui se rattache à un équilibre respiratoire puis à un équilibre énergétique. Ce dernier facilite l’équilibre psychique puisqu’il tend à restreindre les contraintes liées à l’environnement direct ou indirect en les assimilant à un processus naturel. Il s’agit, en réalité, d’un processus de régularisation entre la chaleur et le froid, le mouvement et l’immobilité, la dispersion et la concentration, la plénitude et la vacuité.
Le corps ne subit plus les contraintes extérieures et les variations climatiques mais les intègre en les corrigeant. Des phénomènes simples comme la sensation de froid, de soif, de faim, de fatigue, de colère prennent une importance moindre et, de ce simple fait, perturbent moins l’esprit. Ce serait donc une sorte, ou une espèce, de sport intelligent et qui s’adapte au pratiquant. Et sur lequel le pratiquant peut agir ou au sein duquel il peut intervenir en toute conscience. Il est donc inutile de se bourrer de drogues pour parvenir à un résultat. Et les pratiquants sont sur le terrain et non dans les gradins. Les dérives sportives ne nous concernent donc que peu. Nombreux sont celles et ceux qui commencent la pratique du « Qi-gong » quand les entraîneurs sportifs ont déjà pris leur retraite.
Le deuxième, un peu plus long à obtenir, est la sérénité. Celle-ci est en effet la simple conséquence de l’équilibre. Il ne s’agit en aucun cas d’une sorte d’endormissement de la conscience liée à une immobilité corporelle et intellectuelle mais, au contraire, en un mouvement contrôlé et incessant qui constitue un moyen d’accès à la compréhension des phénomènes internes et externes.
Cette sérénité passe donc tant par le contrôle du souffle que du mouvement corporel. Elle permet, notamment, d’économiser l’énergie vitale (Qi) en la faisant circuler à meilleur escient.
Le troisième est la vacuité ou disponibilité. Elle permet tout simplement la suppression des tensions ce qui permet la disponibilité tant corporelle que psychique. Les phénomènes internes liés au fonctionnement physiologique ou externes liés aux circonstances rencontrées ne sont plus perçus comme des gènes ou des contraintes mais au contraire comme des points d’appui à la progression personnelle.
Cette vacuité naturelle permet donc d’agir avec moins de restrictions liées aux habitudes. Cela permet, en outre, de dépasser certains blocages physiques, énergétiques ou psychologiques ainsi qu’une utilisation plus rationnelle de l’énergie puisqu’elle permet d’agir avec un minimum d’effort pour néanmoins obtenir un résultat.
Cette vacuité, ou disponibilité naturelle, est l’un des fondements de l’harmonisation du pratiquant avec les circonstances, donc avec la nature. Pour pratiquer nul besoin de stades ou d’installations coûteuses et polluantes ni, en fait, de se déguiser pour être reconnus.
Le quatrième est la capacité d’unifier ou concentration. Le mouvement, l’énergie, la pensée se réunissent sans qu’il y ait à effectuer d’effort et, ainsi, les choses clarifiées semblent et sont plus faciles. Le résultat obtenu grâce à la disponibilité est utilisé de manière plus rationnelle et perdure. Cette unification permet la constance ainsi que la reproduction des états énergétiques et psychiques recherchés au cours de la pratique.
Ces quatre étapes correspondent aux divers stades d’évolution de la pratique psychico-corporelle du « Qi-gong » :
– la mobilisation ou préservation de l’énergie,
– l’accueil ou l’accroissement de l’énergie,
– la conduite ou direction de l’énergie, le contrôle ou manifestation de l’énergie.
– Il demeure à utiliser celle-ci avec de multiples possibilités… l’entretien de la santé, le traitement d’affections courantes, l’expression artistique, les relations personnelles, familiales, professionnelles.
Le but, comme dans le tir à l’arc est d’atteindre un résultat sans pour autant que celui-ci ne devienne l’unique préoccupation de la pratique. Cette efficacité est la conséquence du travail accompli mais pas sa motivation essentielle.
Ces effets bénéfiques de la pratique du « Qi-gong » ainsi que ces quatre étapes sont parfois considérées comme le but ultime du « Qi-gong », ce qui est déjà louable puisque de nombreuses méthodes ne recherchent plus qu’un simple bien être physique par le biais d’une gymnastique douce fut-elle orientale. Ce ne sont que des moyens pour parvenir à « autre chose » .
Cette « autre chose », comme le nomment les Maîtres du Tao, demeure la réalisation de l’individu inclus dans son environnement spacio-temporel ainsi que le dépassement de celui-ci. Si la pratique se limite à l’espace et au temps, à l’ici et au maintenant, les réalisations de la pratique dépassent amplement ce cadre restreint.
Il est donc toujours préférable de différencier l’étude de la pratique, la pratique et les réalisations de la pratique. Ces dernières ne sont pas liées à des phénomènes ponctuels ou limités mais envisagent l’étendue des possibilités humaines dans le passé dans le présent et dans l’avenir.
Conscience, vie, mouvement, énergie et matière ne font plus qu’un dans l’illumination atteinte par le pratiquant, ce que précise, une fois encore, le Huainan Zi : « Il sait sans apprendre, réalise sans faire, voit sans regarder et fait régner l’ordre naturel (conforme à l’unité de la nature) sans gouverner. Il embrasse la vertu, réalise la fusion harmonieuse des souffles et des esprits, poursuivant avec docilité et facilité la Voie Céleste de l’harmonie universelle. Cela fait que la vision remonte au delà du passé et que le regard s’étend plus loin que l’avenir avec une grande aisance. Tout ce qui, chez un homme ordinaire, demanderait un effort exceptionnel est fait simplement et naturellement. »
Le « Qi-gong » Voie de réalisation spirituelle
Entre le Yijing (Yiqing) et le « Qigong » pas l’épaisseur d’un cheveu !
La pratique du « Qigong » classique se rattache, comme nous l’avons vu, à l’étude et surtout à la compréhension vécue de certains des plus grands textes de la littérature chinoise.
Si on excepte le Huainan Zi, précédemment cité, mais qui n’est pas, loin s’en faut, le plus connu et le plus étudié, on retrouve de nombreuses références liées tant à l’étude de la pratique qu’à la pratique elle-même ou qu’aux multiples réalisations de la pratique. Le premier d’entre-eux demeure le YIJING (Yi King) ou « Traité des Mutations » qui, par exemple, dans les hexagrammes 31 : XIAN (Hien) « l’Influence », « la Mobilisation »; 52 : KEN « la Stabilité », « l’Immobilisation », 11 : TAI « la Paix », « la Magnificence » explique, point par point, le processus de la posture.
Processus que ne désavoueraient pas les ostéopathes les plus confirmés. Il s’agit en effet de mobiliser le gros orteil, le talon, la hanche, la poitrine, la colonne vertébrale puis la structure crânienne. Puis de stabiliser suivant un ordre inverse. Enfin d’harmoniser la mobilisation et la stabilisation dans un équilibre parfaitement contrôlé et dynamique.
Bien évidemment lorsque le « Qigong » se limite à une simple gymnastique, le YIJING par simple conséquence ne peut se réduire qu’à un simple ouvrage de chiromancie ou de divination. La pratique du « Qigong » classique, par contre, permet de mieux comprendre le YIJING et le YIJING permet, en retour, d’approfondir la pratique.
Il ne s’agit donc plus d’une simple vision intellectuelle ou spéculative mais bel et bien d’une approche réellement vécue avec le corps, avec les sens, avec l’esprit. Il en va de même avec plusieurs autres textes fondamentaux qui, habituellement, ne sont étudiés que sur un plan uniquement philosophique.
Or, pour les anciens Chinois, la philosophie ne pouvait se limiter ou se restreindre qu’à de vagues suppositions et le philosophe Yang Tseu (Yangzi) rappelait simplement « Qu’un philosophe atteint d’une rage de dents demeure à peu près aussi spirituel qu’un plat de nouilles froides. ».
La base fondamentale de la philosophie chinoise classique consistait donc à éviter le mal de dents ainsi que ce qui pouvait perturber l’esprit d’une manière ou d’une autre. Mais c’est d’une telle évidence que cela ne méritait pas un texte qui, par ailleurs, n’aurait jamais été étudié. La formule de Yangzi suffit.
Les nombreuses références au « Qi-gong » classique ne peuvent donc se différencier des grands classiques de la Chine antique, classiques qui sont actuellement traduits et étudiés dans le cadre de nos facultés et de nos universités. Il est remarquable que la pratique du « Qi-gong » classique aboutisse beaucoup plus souvent à l’étude de ces textes que l’étude ce ces textes n’aboutisse à la pratique !
Simplement car la pratique du « Qi-gong » amène plus facilement à la compréhension des textes que le contraire. Lorsque Laozi (Lao Tseu) dans le chapitre X du Daodejing (Tao Te King) propose « Peux-tu embrasser l’Unité dans une harmonie indissoluble ? Peux-tu, en concentrant ton souffle interne, redevenir aussi spontané qu’un Enfançon (embryon) ? Peux-tu en clarifiant ta vision interne, diriger et agir sans chercher à intervenir ? Peux-tu ouvrir et clore les portes célestes en acceptant le Principe Féminin ? Sois un guide et non pas un Maître. Voilà la vertu mystérieuse. » Il ne se limite vraisemblablement pas à un simple commentaire philosophique assez incompréhensible, mais, au contraire donne des clés indispensables à la respiration embryonnaire (Tai Xi) toujours connue et pratiquée depuis plus de deux millénaires.
Si Laozi demeure parfois difficile d’accès, bien qu’il soit le plus étudié et le plus commenté, d’autres auteurs classiques comme Zhouangzi (Tchouang Tseu) et Liezi (Lie Tseu) sont beaucoup plus directs dans leurs affirmations et dans leurs références à la pratique du « Qi-gong » classique auquel se réfère le Prince de Huainan :
« Dans l’antiquité l’Homme véritable respirait très profondément : sa respiration provenait de ses talons. La respiration de l’homme ordinaire ne provient que de sa gorge. » (Zhuangzi VI L’Ecole du Premier Principe)
« Concentre-toi, n’écoute pas par tes oreilles mais par ton esprit; n’écoute pas par ton esprit mais par ton souffle, le souffle qui est le vide peut se conformer aux objets extérieurs. » (Zhuangzi IV).
« Redressez votre corps, unifiez vos regards, rectifiez votre attitude, le Tao habitera en vous. » (Zhuangzi XXII)
« L’Homme ne peut penser s’il ne respire pas. Si sa respiration est trop faible, le Ciel ne pourrait en être tenu pour responsable, lui, qui nuit et jour, anime le Souffle. La faiblesse du souffle vient que l’homme obstrue les ouvertures par lequel il passe. » (Zhuangzi XXVI).
« Il n’est point de lieu terrestre sans air. C’est ainsi que nous, qui de façon rythmique inhalons et exhalons cet air, ne cessons jusqu’à la fin de nos jours d’évoluer vers le Ciel. » (Liezi I, XIII).
« Mon corps est uni à mon centre, le centre est uni à l’énergie, l’énergie est unie à l’esprit universel, l’esprit universel est uni au non-être. » (Liezi IV, II).
Ces références, parmi tant d’autres, issues du Wangdi Neijing Suwen (Traité de la Médecine Interne de l’Empereur Jaune), du LIJI (Li Ki) ou « Traité des Rites » commenté par Kongzi (Confucius), du Mengzi (Mencius) attestent, s’il en était besoin, que le « Qi-gong classique », ainsi que ses évolutions postérieures que sont, par exemple, le Taiji Quan (Tai Chi Chuan), constitue un moyen privilégié d’éveil spirituel.
Tao Yin : c’est entretenir la Voie
« C’est en empruntant le chemin que la voie est tracée. La juste mesure permet la pratique. Pratiquer c’est chercher à atteindre un but S’approcher de ce but c’est être proche du Tao Il faut affirmer ce fait ! » Zhuang Zi (Tchouang Tseu) L’Oeuvre complète II.
Les « Entités Viscérales » une autre conception de la psychologie
il fut le créateur d’une forme de « Qigong » « Nettoyage des muscles et tendons, purification de la moelle et des sinus-quintessence »
Il résida au Monastère de Shaolin où le « Qigong » précéda donc le « Kung-Fu » !
Dans un article publié dans « The Lancet » en Février 1972, le Professeur Penfield de l’Université de Cambridge affirmait :
« Concernant le cerveau, entre les zones motrices et les aires d’arrivée sensitivo-sensorielles, se trouvent de vastes zones qui semblent, jusqu’ici, sans attribution précise. Comme les vastes parties d’un continent récemment découvert, elles n’ont pas encore été explorées par ce que nous nommons actuellement la science médicale. Le comportement de l’individu en dépend pourtant. ».
Il semble, toutefois, qu’avec d’autres moyens et avec d’autres termes que ceux dont disposent les scientifiques, ces régions aient pu être explorées par des « voyageurs initiés » tant en Chine qu’aux Indes et dans bien d’autres civilisations encore.
Mais cela n’est évidemment qu’une légende qui n’intéresse plus grand monde et moins encore le monde scientifique. Dans la conception taoïste il existe pourtant, au niveau du crâne, donc du « Champ de Cinabre Supérieur » (Shang Dantian) neuf « Palais » habités par des Divinités (Shen) ou « Entités spirituelles » qui dirigent les activités intellectuelles et spirituelles et qui régularisent le psychisme.
Le but de la pratique et de la méditation taoïste est de faciliter leur installation puis leurs activités. Mais les praticiens auront également bien compris qu’il s’agit ici d’une « image » (Xiang) facilitant la compréhension de la pratique.
Lorsque cette compréhension est obtenue il faut abandonner l’image.
Ceci est dit et répété en encore répété dans de nombreux textes classiques mais ceux qui traduisent ces classiques butent encore sur l’image ! Que dire de tous les pseudo scientifiques qui, évidemment, passent à coté et de l’image et de la compréhension puisqu’ils ne parlent que par énigmes cryptées.
Des découvertes archéologiques chinoises attestant que l’homme préhistorique taillait des pierres il y a deux millions d’années (vous avez bien lu !) ont récemment été « cautionnées » par des archéologues occidentaux. Cette hypothèse n’avait pas été retenue auparavant par les « scientifiques » occidentaux pour la seule et simple raison que « ces découvertes avaient été publiées en chinois. De ce fait elles n’avaient été ni connues, ni reconnues » ! (Sciences et Avenir avril 06).
L’acupuncture classique admet sans réserve que la pratique du « Qigong » classique permet d’obtenir des effets significatifs sur la santé et sur le traitement de certaines affections. Classique dans les deux cas car l’acupuncture symptomatique occidentale ne considère généralement que les pratiques sportives occidentales !
Dans le cinquième tome de son traité de Médecine Chinoise, le Docteur Chamfrault explique à ce sujet « Donc dans la notion de la circulation de l’énergie en médecine taoïste, l’individu peut de lui-même renforcer cette énergie circulante et traiter lui-même, et sans l’intervention des aiguilles, toutes les maladies qui peuvent l’atteindre. Il semble que le traitement par les aiguilles d’acupuncture ne soit réservé qu’à ceux qui n’ont pas ce pouvoir. Le Maître acupuncteur remplace donc, avec ses aiguilles et par le jeu de la pensée, ce qu’un taoïste initié pourrait accomplir par lui-même et sans l’intervention matérielle des aiguilles. ».
En suivant ce raisonnement il semble tout à fait naturel que le même initié taoïste puisse, par le biais de cette circulation, influer profondément sur son esprit en régularisant puis en utilisant consciemment ces « Entités spirituelles ». Celles-ci sont, par ailleurs directement mises en rapport avec d’autres entités, plus sommaires, qualifiées de viscérales et qui sont motivées soit par la pratique soit par l’acupuncture lorsqu’elles subissent, ce qui est fréquemment le cas, un déséquilibre.
La circulation de l’énergie vitale (Qi ou Ki) dans la tradition chinoise
Ces entités viscérales sont au nombre de cinq :
– le Shen (Chen) attribué au coeur;
– le Yi (I) attribué à la rate;
– le Po (Pro) attribué aux poumons;
– le Zi (Tcheu) attribué aux reins;
– le Hun (Houn) attribué au foie.
Le Shen est la vertu créatrice correspondant à une « intelligence globale ». Suivant André Faubert il constitue pour le psychisme l’élément référentiel omniprésent. Au Shen correspondent la possibilité de juger, la joie.
Le Yi est la vertu idéogène ou « idéation » (phonation du coeur) et correspond à la possibilité de réflexion , à l’intention, à la volonté.
Le Po représente l’entité héréditaire, l’instinct vital de préservation et correspond à la mémoire innée.
Le Zi représente ce qui conditionne le comportement de l’individu face aux informations reçues et correspond à la capacité de décision et à la ténacité.
Le Hun représente la capacité plus ou moins grande d’imaginer et d’agir en fonction de cette imagination. Les rêves, notamment, en dépendent. Il correspond à la capacité de prendre une initiative.
Suivant Jacques Lavier, le Hun se rattache à la mobilisation et au préconscient; le Shen se rattache à l’intuition et au conscient; le Po se rattache à la raison et au postconscient; le Zi se rattache à la capacité d’oubli et au subconscient.
Le Yi, dont nous avons déjà parlé, permet d’harmoniser chacune de ces tendances avec les autres. Des états psychologiques ou pathologiques conscients ou inconscients se manifestent lorsque ces entités sont équilibrées ou, au contraire, perturbées.
La créativité, la joie dépendent de Shen, l’entité viscérale du cœur. Mais également si elle est perturbée l’inconscience ou l’irresponsabilité.
La réflexion, la volonté, la bonne foi dépendent de Yi, l’entité viscérale de la rate. Mais également si elle est perturbée l’obsession, la fixation d’idées.
L’intuitivité, l’affectivité dépendent de Po, l’entité viscérale des poumons. Mais également la tristesse et la méchanceté si elle est perturbée.
La sagesse, la prudence dépendent de Zi, l’entité viscérale des reins. Mais également si elle est perturbée la méfiance et la peur.
La bonté, le courage dépendent de Hun, l’entité viscérale du foie. Mais également si elle est perturbée la colère et la jalousie.
Les entités viscérales :
Shen (Ric.4317) « Esprit » est associé au Cœur (Xin)
Hun (Ric. 2286) « Principe Vital » est associé au Foie (Kan)
Po (Ric. 4148) « Manifestation Sensitive » est associé aux Poumons (Fei)
Yi (Ric. 2348) « Intention » est associé à la Rate (Pi)
Zhi (Ric. 821) « Force d’Ame » est associé aux Reins (Shen)
Entités Viscérales en relation avec les différentes sortes de Qi :
Energie Originelle : Yuan Qi est associé aux Zhi et aux Reins
Energie Fondamentale : Zhong Qi est associé au Yi et à la Rate
Energie Nourricière (Ying Qi ou Gu Qi) est associé au Hun et au Foie
Energie Défensive (Wei Qi) est associé au Po et aux Reins
Energie Révélatrice* (Shen Qi) est associé au Shen et au Coeur
* N’en déplaise à beaucoup je préfère le terme « révélateur » au terme « créateur »
puisque comme l’affirme Laozi « Ce que je dis viens de quelque part, ce que je fais sert à quelque chose ».
Ce qui implique : il n’y a pas de « génération spontanée » dans la compréhension chinoise classique.
L’aphorisme « rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme » est énoncé maintes fois dans le Yijing (Yi King ou I Tching) le « Livre des Transformations ». Il s’agirait autrement du « Livre des Créations » mais ce terme, comme celui de créateur, n’existe pas dans la langue chinoise classique.
Il va de fait que le terme « entités viscérales » peut être mal interprété puisqu’il n’existe pas de terme spécifique occidental pour désigner ces « énergies ». Le terme « énergies » lui-même peut porter à confusion pudique le QI (KI, Tsri, Chi) désigne autant dans le caractère chinois une vapeur, l’air, un souffle, l’énergie ou la vitalité.
Un arbre dégage une certaine énergie. Mais une usine nucléaire ou un bombe atomique aussi ! Un pratiquant de Taijiquan et un technicien de l’atome produisent donc et utilisent de l’énergie. Un sandwich que l’on digère aussi.
Le terme « entité » peut, si il est mal interprété, désigner un ectoplasme issu du spiritisme, ou du moins révélé par le spiritisme. Il pourrait donc être aussi question d’ « entités énergétiques viscérales » mais, là, on complique le problème et donne on donne le flanc à la critique facile du rationalisme obtus. Ou du spiritualisme dé-bridé. Ou du spiritualisme bridé ! Entre l’industrie lourde et le New-Age il peut exister un juste milieu.
De même, les termes « originelle », « fondamentale », « nourricière », défensive » et « créatrice » sont des concepts occidentaux très éloignés de la définition chinoise du caractère en cause. Dans ce cas le mot essaie de remplacer l’image et l’image la compréhension vécue, donc cartésienne au sens propre du mot.
Pour ne pas simplifier les choses, les concepts de « cœur », « rate », « poumons », « foie », « reins », si ils rassurent la corps médical occidental et donc, en quelque sorte le quidam, pour ne pas dire le « pékin » dépassent dans cette conception énergétique et spirituelle chinoise les simples organes.
Il n’est pas question de bocaux de formol ou de dissection du cadavre. Mais d’un fonctionnement, donc d’une fonction, qui dépasse, et de loin, la circulation artérielle, l’ oxygénation du sang, ou ce qu’on considère ice être du simple domaine physiologique. En réfléchissant bien il n’est pas plus idiot d’affirmer que « le coeur engendre l’esprit » que de croire que le cerveau est créateur de quoi que ce soit.
Lorsque le cerveau du Professeur Truquemuche « invente », sinon créé, le moteur qui permettra de faire voler un avion, la nature sait déjà faire voler des pigeons et depuis assez longtemps d’ailleurs. Le cerveau du Professeur Truquemuche permet simplement au moteur d’exister et à l’homme, qui n’est pas un pigeon, de voler. Il ne crée rien. Tout juste révèle-t-il quelque chose dans le niveau du grossier et du matériel.
Zhuangzi, se réveillant et se souvenant d’avoir volé se posait la question de savoir si il avait rêvé d’être un papillon. Mais il n’exclut pas l’hypothèse que ce soit un papillon qui ait rêvé d’être Zhuangzi. « Est-ce que Zhuangzi rêve d’être un papillon ou est-ce un papillon qui rêve d’être Zhuangzi qui se réveille ? » Dans ce cas il peut aussi s’agir de coeur et d’esprit et non de cervelle ! Et d’autre chose qu’un assemblage de rouages.
Passons également sous les hypothèses, au demeurant sympathiques, de « conscient », d’ « inconscient », de « préconscient », de « subconscient » et de « postconscient » qui, aussi, ne sont que des mots-images basés sur une compréhension parfaitement et totalement occidentale liée à la psychologie. Et qu’est-ce que la méchanceté ou la bonté ou l’irresponsabilité ? Des concepts moraux sans plus.
Le Tao n’est ni moral ni amoral puisqu’il est le Tao. Comme la nature n’est ni morale ni immorale puisqu’elle est naturelle. Et pour le naturel, donc, qui devient un label ou un argument de vente pour publicistes en manque de chiffre d’affaire ? Mais il faut bien tenter d’expliquer les choses avec des mots, des images, des concepts. Et se déguiser en « prof » pour ce faire, sinon en « maître ». Pourquoi se faire maître alors qu’il suffit d’être.
« Etre ainsi » C’est un peu comme cela que l’on pourrait désigner ces fameuses « zentités zorganiques » Le « Etre Ainsi » du Cœur. Le « Etre ainsi de la Rate » Le « Etre ainsi des Poumons » ou du Poumon pour les rigoristes qui le considèrent comme entité unique Le « Etre ainsi des Reins » parce que là il y en a bien deux Le « Etre ainsi du Foie » Qui permettent à l’Etre humain de simplement « Etre ainsi » (Ziran).
Mon amie, acupuncteur et Québecoise, Marie Andrée m’a donné un jour une définition très précise de cet « Etre Ainsi », expression qui provient d’un dicton populaire de là bas, où les mots et pas mal de gens sont encore vrais :
« Où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie ! »
Lorsque cet « Etre Ainsi » est perturbé cette « hommerie » est à craindre ! » Etre Ainsi » permet simplement d’Etre Humain…donc être humain. » Vaste programme mon ami, vaste programme » comme aurait dit le Grand Charles Et il y a encore pas mal de boulot à faire pour que l’humanité la redevienne une peu plus. Humaine. Et un peu plus que cela puisque le Ren, la bienveillance humaine, doit s’étendre à la nature.
C’est déjà ce que souhaitaient Mengzi (Mencius) dans sa « Grande Etude » (Tai Ho ou Taixue) et Wang Yang Ming dans son « Grand Questionnement ». La pratique du « Qigong » classique, comme l’utilisation de l’acupuncture, devrait permettre la prise en compte de ces entités viscérales ceci afin de veiller à leur équilibre. De retrouver l’ « Etre Ainsi ».
Si il existe une perturbation, il convient simplement, après constatation de la tendance psychologique défaillante ou excessive d’orienter la pratique vers la régularisation de l’organe concerné. Cela se fait naturellement par le biais de postures, de mouvements, de respirations spécifiques.
Toujours par le biais de cette pratique, ces entités viscérales simples se transforment peu à peu en « Entités spirituelles » plus évoluées qui, à leur tour, sont susceptibles de modifier le comportement en l’améliorant. Il s’agit alors de dépasser le comportement psychologique ou psycho-pathologique en atteignant l’éveil spirituel…ou « autre chose » (Hua).
Mais paradoxalement ceci est beaucoup plus facile à faire qu’à dire et à ressentir qu’à comprendre ! Agir est facile. A l’instar du Yoga, le « Qigong » classique ne se limite donc pas à une gymnastique « douce » ou à un simple moyen d’entretenir la santé. Il doit permettre, comme le précisent certains textes anciens de « Nourrir le corps, développer les sens et éveiller l’esprit pour parvenir à autre chose. »
Il s’agit donc bien d’une pratique physique, énergétique et spirituelle. Il est simplement dommage, comme le remarquait déjà le Prince de Huainan, il y a deux mille deux cents ans que cette dernière partie soit le plus souvent oubliée ou négligée.
Tiré de l'excellent article de Georges Charles: http://tao-yin.fr/ce-quil-faut-savoir/