À la Découverte des Armes Traditionnelles : Une Plongée dans les Arts Martiaux Chinois

Publié le 13 Octobre 2024

À la Découverte des Armes Traditionnelles : Une Plongée dans les Arts Martiaux Chinois

Les armes dans les arts martiaux chinois représentent bien plus que de simples outils de combat ; elles incarnent une riche culture de discipline, de sagesse et de philosophie. Depuis des siècles, chaque arme est soigneusement associée à des valeurs profondes et à des éléments de la nature, soulignant leur importance au-delà de la lutte physique. Les traditions martiales chinoises intègrent les armes dans un cadre éducatif où l'apprentissage ne se limite pas à la technique, mais englobe également le développement personnel et spirituel des pratiquants.

Chaque arme, qu'il s'agisse du sabre, de l'épée ou du bâton, est le reflet de principes stratégiques, d'éthique et d'harmonie entre le corps et l'esprit. Les figures légendaires comme Guan Yu, symbole de loyauté et d'honneur, illustrent comment les armes deviennent des extensions de l'identité culturelle et morale d'un individu. À travers l'étude et la maîtrise de ces armes, les pratiquants apprennent non seulement à se défendre, mais aussi à cultiver la patience, la concentration et la sagesse, faisant des arts martiaux une voie vers l'équilibre et l'épanouissement personnel.

Cette intégration des armes dans les arts martiaux chinois souligne leur rôle central dans l'héritage culturel du pays et leur capacité à forger des individus disciplinés et sages, prêts à affronter les défis de la vie.

La classification des armes dans les arts martiaux chinois est intimement liée au calendrier traditionnel, qui se compose de cinq saisons : Printemps, Été, Automne, Hiver, et une saison intermédiaire appelée fin d’Été ou caniculaire. Ces cinq phases, connues sous le nom de Wuxing (五行), sont associées à des directions cardinales et à des éléments fondamentaux de la culture chinoise:

- Le Printemps correspond à l’Est (Bois).
- L’Été correspond au Sud (Feu).
- L’Automne correspond à l'Ouest (Métal).
- L’Hiver correspond au Nord (l’Eau).
- La Cinquième Saison (Inter-saison) correspond au centre (Terre).


La classification des armes dans les arts martiaux chinois repose sur les Cinq Éléments, chacun étant lié à une divinité du panthéon chinois et à un animal symbolique. Cette interconnexion enrichit la compréhension des armes et leur usage dans la tradition martiale.

Lance (Qiāng - 枪) pour l'Eau :
Divinité : Maître des Eaux (Lóng Wáng), protecteur des rivières et mers.
Animal : Serpent ou Singe, symbolisant la fluidité et la transformation.
Son maniement très subtil permet le travail des os et articulations et renforce les reins.

Hallebarde (Guāndāo - 关刀) pour le Bois :
Divinité : Général Protecteur des Frontières (Zhāng Guǒ Lǎo), associé au printemps et à la croissance.
Animal : Tigre ou Dragon, représentant la force et la régénération .
Cette arme, de par son poids important, favorise donc le travail des muscles et des tendons et renforce l’énergie du foie.

Épée droite (Jiàn - 剑) pour le Feu :
Divinité : Huo Guǒ Zhēn Rén (Maître du Feu), symbolisant la lumière et l'énergie.
Animal : Phénix Rouge ou Léopard, incarnant la renaissance et l'élégance.
Son maniement rapide favorise le travail de la circulation sanguine et renforce l’énergie du cœur.

Bâton long (Gùn - 棍) pour la Terre :
Divinité : Général des Terres (Tudi Gong), protecteur des récoltes et de la stabilité.
Animal : Ours ou Héron, représentant la sagesse et la tranquillité.
Son maniement permet la régulation de l’équilibre général et le renforcement de l’énergie de la rate.

Sabre (Dàdāo - 大刀) pour le Métal :
Divinité : Général Guan Yu, symbole de loyauté et de justice.
Animal : Singe ou Héron, symbolisant l'ingéniosité et la précision dans le combat.
Son maniement très externe favorise le travail du souffle et renforce les poumons.

Il existe, comme souvent, d’autres classifications ou des classifications différentes suivant les particularités spécifiques des écoles. Mais, cette classification datant du douzième siècle et mise en place par le Maître Pai Yu Feng, Patriarche du Temple de Shaolin dans le Hunan demeure la plus connue et la plus utilisée.

Certaines écoles de Taijiquan, par exemple, préfèrent classer le bâton dans l’élément Bois, le sabre dans l’élément métal, la lance dans l’élément Feu, et l’épée dans l’élément Eau… tandis que le poing (Quan ou Chuan) représente la Terre. Mais, dans la plupart des cas, même et surtout s’il existe des variantes, les Cinq Mouvements servent de référence.

À la Découverte des Armes Traditionnelles : Une Plongée dans les Arts Martiaux Chinois

Les Dix-Huit Armes Principales
Cette classification classique provient du Monastère de Shaolin et correspond aux Dix-Huit Arhats de Lohan (Luóhàn Shībāfǎ), disciples du Bouddha. Les armes incluent :

- Bâton - Gùn (棍)
- Épée droite à double tranchant - Jiàn (剑)
- Sabre courbe à un tranchant - Dàdāo (大刀)
- Fouet d’arme - Biān (鞭)
- Fléau d’arme - Liàn (链)
- Croc de guerre - Wǒ (戈)
- Hache d’arme - Dàfǔ (大斧)
- Lance à fer et pointe - Yuè (月)
- Lance courte - Gē (戈)
- Hallebarde en croissant de lune - Jì (戟)
- Bouclier d’osier - Bái (白)
- Épieu - Jiāng (枪)
- Trident - Bā (叉)
- Épée à lame ondulée - Shī (石)
- Sabre à deux mains - Jiàn dāo (剑刀)
- Couperet - Chǎnmá dāo (铲刀)
- Faucille de guerre - Pái Pí (镰刀)
- Demi hallebarde - Yī Yé Dāo (一耶刀)

À la Découverte des Armes Traditionnelles : Une Plongée dans les Arts Martiaux Chinois

L'utilisation des armes en Chine a évolué au fil des siècles, influencée par les dynasties et les classes sociales. Après avoir exploré la classification des armes dans les arts martiaux chinois, il est essentiel de comprendre comment ces catégories ont évolué au fil du temps, influencées par des dynasties, des échanges culturels et des méthodes d'enseignement, façonnant ainsi le paysage martial que nous connaissons aujourd'hui.

Époque ancienne
Développement des armes en bronze : Les armes en bronze, comme les lances et les épées, sont devenues courantes pendant la dynastie Shang (c. 1600-1046 av. J.-C.) et Zhou. Ces armes étaient souvent ornées et symboliques, montrant le rang des nobles.
Rituels militaires : Les armes étaient également utilisées dans des rituels et cérémonies pour renforcer le pouvoir des dirigeants et établir la légitimité.

Dynastie Han (206 av. J.-C. – 220 apr. J.-C.)
Inventions militaires : Le développement de nouvelles technologies, comme les arbalètes, a changé la dynamique des batailles, permettant des attaques à distance plus efficaces.
Établissement d'une armée professionnelle : L'armée Han a établi un système de conscription, rendant le service militaire plus accessible aux classes inférieures et diversifiant ainsi les combattants.

Dynastie Tang (618 – 907)
Influence étrangère : Les échanges avec des cultures étrangères, notamment via la Route de la Soie, ont introduit des armes comme les arcs composites et les techniques de combat mongoles.
Arts martiaux : Les arts martiaux, comme le Taijiquan, ont commencé à se formaliser en tant que pratiques, avec une attention portée à la philosophie et à l’entraînement mental en parallèle des compétences physiques.

Époque moderne
Réforme militaire : À partir du XIXe siècle, la Chine a commencé à moderniser ses forces armées, intégrant des armes à feu et des tactiques militaires occidentales. Cela a entraîné une diminution de l'utilisation des armes traditionnelles sur le champ de bataille.
Renaissance des arts martiaux : Malgré la baisse de l'usage militaire, les arts martiaux ont connu un renouveau, souvent axé sur la culture et la santé, avec une valorisation des traditions et techniques historiques pour la pratique personnelle et la compétition.

À la Découverte des Armes Traditionnelles : Une Plongée dans les Arts Martiaux Chinois

Les Armes des Figures Célèbres de l'Histoire Chinoise:

- Épée à deux mains (Jiàn dāo - 剑刀) : Zhào Zǐlóng (赵子龙), également connu sous le nom de Zhào Yún (赵云), était un général renommé de la période des Trois Royaumes en Chine, célèbre pour sa bravoure et ses compétences exceptionnelles avec l’épée. Il a servi sous le seigneur de guerre Liu Bei, l'un des fondateurs du royaume de Shu. Zhào Zǐlóng est l'une des figures les plus emblématiques de cette période, notamment grâce à ses exploits militaires et sa loyauté sans faille envers Liu Bei. L’un de ses exploits les plus célèbres s’est déroulé à la bataille de Changban, où il sauva le fils de Liu Bei, Liu Shan, en combattant à lui seul à travers les troupes ennemies, démontrant un courage et une habileté légendaires avec l'épée. Cet acte héroïque a renforcé sa réputation de guerrier intrépide et invincible. En plus de ses talents martiaux, Zhào Zǐlóng était également apprécié pour son caractère droit, sa sagesse stratégique et sa fidélité. Il est souvent dépeint comme l'un des « Cinq Tigres Généraux » du Shu, un titre honorifique qui symbolise l'élite des commandants militaires pendant cette période.

- Lance (Qiāng - 枪) : Lǐ Yuān (李渊), également connu sous le nom de Tang Gaozu (唐高祖), est le fondateur de la dynastie Tang, qui a régné sur la Chine de 618 à 907. Né en 566, il était un membre d'une famille noble et a acquis une expérience militaire significative durant la période tumultueuse des Derniers Jin et des dynasties Sui. En 617, Lǐ Yuān a mené une révolte contre la dynastie Sui, profitant des troubles et des insatisfactions généralisées parmi la population et l'armée. Sa compétence militaire, notamment dans le maniement de la lance, a été cruciale pour ses succès sur le champ de bataille. Il a réussi à unifier plusieurs territoires fragmentés en Chine, consolidant ainsi son pouvoir et établissant la dynastie Tang. Sous son règne, la dynastie Tang est devenue l'une des périodes les plus prospères de l'histoire chinoise, marquée par des avancées culturelles, économiques et technologiques. Lǐ Yuān est souvent loué pour sa capacité à rassembler et à gouverner divers groupes ethniques, contribuant ainsi à l'harmonie et à la prospérité du pays.

- Hallebarde (Guāndāo - 关刀) : Yuè Fēi (岳飞), né en 1103, est l'un des généraux les plus vénérés de la dynastie Song, célèbre pour sa loyauté, son patriotisme et ses compétences militaires exceptionnelles. Il est surtout connu pour avoir mené des campagnes contre les Jurchens, qui menaçaient la Chine du Nord pendant cette période, et pour avoir défendu avec ténacité la dynastie Song contre leurs incursions. Guan Yu (关羽), célèbre général chinois de la période des Trois Royaumes, devenu une figure légendaire, vénérée comme un dieu dans la tradition chinoise. Il est souvent représenté avec son emblématique hallebarde appelée Guāndāo (关刀), connue sous le nom de la « Hallebarde au Huit Reflets » (青龙偃月刀, Qīnglóng Yǎnyuè Dāo). Cet objet légendaire aurait un poids considérable (on l'estime à 18 Kilos!) et représentait non seulement la bravoure et la force de Guan Yu, mais aussi son autorité morale et militaire.

- Sabre (Dàdāo - 大刀) : Xú Dá (徐达), né en 1332, est l'un des plus grands généraux de la dynastie Ming et a joué un rôle déterminant dans la fondation de celle-ci. Il fut un fidèle allié de Zhu Yuanzhang, qui devint plus tard l'empereur fondateur des Ming, sous le nom de Hongwu. Xú Dá était reconnu pour ses compétences militaires et sa maîtrise du sabre, mais c’est surtout sa stratégie et son commandement sur le champ de bataille qui ont contribué à renverser la dynastie Yuan mongole et à restaurer une dynastie dirigée par les Han. En 1368, Xú Dá mena les forces Ming à la conquête de Pékin, ce qui marqua un tournant décisif dans l'établissement du pouvoir Ming. Il participa également à plusieurs campagnes visant à pacifier les régions frontalières et à consolider le territoire sous la nouvelle dynastie. Sa loyauté et son succès militaire lui valurent un grand respect au sein de la cour impériale, mais il mourut en 1385, vraisemblablement empoisonné, selon certaines sources historiques, par l’empereur Hongwu, qui craignait son influence grandissante.

- Bâton (Gùn - 棍) : Wáng Yángmíng (王阳明, 1472-1529) était un éminent philosophe néo-confucianiste et militaire de la dynastie Ming, célèbre pour sa théorie du "Xinxue" ou "apprentissage du cœur-esprit" (心学). Il prônait l'unité entre la pensée et l'action (知行合一, zhī xíng hé yī), insistant sur le fait que la sagesse réside dans l'action morale correcte, fondée sur la connaissance innée de la vertu. En plus de ses réalisations philosophiques, Wáng Yángmíng était un général redoutable, utilisant les arts martiaux comme un moyen de cultiver l'harmonie entre le corps et l'esprit. Le bâton, ou Gun (棍), était l'une des armes qu'il maîtrisait dans sa pratique martiale, l'employant non seulement dans les batailles mais aussi comme une voie de développement spirituel. Pour lui, l'apprentissage martial servait à affiner l'esprit, à discipliner le corps et à atteindre un équilibre intérieur. Cette vision holistique reliait la philosophie à l'action quotidienne, où la maîtrise des arts martiaux devenait un chemin vers la vertu et la réalisation de soi.


- Fouet (Biān - 鞭) : Cáo Cāo (曹操, 155-220) était une figure majeure de la fin de la dynastie Han et du début de la période des Trois Royaumes en Chine. En tant que politicien, militaire et poète, il est devenu l'un des personnages les plus influents de son époque, jouant un rôle central dans la consolidation du pouvoir et la fin de l'empire Han. Cao Cao est surtout connu pour avoir établi les bases du futur royaume de Wei et pour avoir servi de Premier ministre au dernier empereur Han, Han Xiandi. Surnommé le "Héros du chaos," il a démontré des compétences militaires exceptionnelles, notamment dans la bataille contre les Turbans jaunes et ses campagnes contre d'autres seigneurs de guerre rivaux. Ses succès sont attribués à son habileté stratégique et son talent pour diriger des armées, ce qui incluait l'usage d'armes variées, telles que le fouet. Il est également connu pour ses contributions littéraires, notamment ses poèmes qui exprimaient sa philosophie de la vie et sa vision militaire. Sa capacité à manœuvrer aussi bien en politique que sur les champs de bataille en fait une figure emblématique de cette période mouvementée de l'histoire chinoise.


CONCLUSION

Les arts martiaux chinois, avec leur riche histoire et leur profonde philosophie, continuent de jouer un rôle crucial dans la société moderne. Non seulement ils préservent des techniques de combat anciennes, mais ils incarnent également des valeurs telles que la discipline, le respect et l'harmonie entre le corps et l'esprit. La classification des armes, qu'elle soit traditionnelle ou moderne, reflète l'évolution de ces arts et leur capacité à s'adapter aux nouvelles réalités, tout en maintenant une connexion avec la culture et la spiritualité chinoises.

Aujourd'hui, alors que le monde fait face à des défis croissants liés à la santé mentale et physique, les arts martiaux offrent un moyen précieux de développement personnel et de bien-être. Ils encouragent la confiance en soi, la résilience et la gestion du stress, ce qui les rend pertinents pour les nouvelles générations.

Ainsi, nous vous invitons à explorer ces pratiques ancestrales, que ce soit par la pratique personnelle ou en rejoignant une école d'arts martiaux. L'avenir des arts martiaux chinois réside dans notre capacité à les transmettre et à les adapter, tout en honorant leur essence historique. Engageons-nous ensemble à préserver cette tradition vivante pour les générations futures.

 




Sources:
wikipedia.org - Sanda (art martial)
service-public.fr - Armes : à quoi correspondent les différentes catégories
kungfuparis.com - Classification des armes du Kung fu
jingwu.asso.fr - Jingwu | École d'arts martiaux chinois créée pour développer ...
faitsdarmes.com - Arts Martiaux Historiques Européens (AMHE)
meng-diao.fr - Kung-Fu armes
taoyin.fr - Source pour cet article
universalis.fr - CAO CAO [TS'AO TS'AO] (155-220)
chine.in - Cao Cao

Rédigé par Bài lóng - 白龙

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